Queyr'ados 3000 - édition 2018: Le Bric Bouchet

Le Bric Bouchet millésime 2018 restera sans doute dans les annales de Queyr'ados, tant cette ascension aura été complexe. L'histoire débute à 7h30 ce vendredi 13 juillet, dans le petit hameau de Valpréveyre. Encore peu remis de nos émotions des deux précédents jours, il faut se forger dès les premiers mètres, un mental d'acier. Le réveil a été difficile, il fait froid, nos muscles dorment encore lorsque nous attaquons les premiers lacets du col du Bouchet. Rapidement, à la sortie du mélézin, nous quittons vestes polaires, gants et bonnets... Un petit arrêt à la pierre écrite permettra de comprendre comment les bergers communiquaient il y a plusieurs centaines d'années. Lorsque nous reprenons notre chemin, nous serons accompagnés par un superbe chien, un berger d'Anatolie qui s'invite durant un long moment dans notre groupe. Depuis le départ le Bric est en vue. Nous nous rapprochons mais la distance qui nous sépare du sommet est encore conséquente. Un arrêt permettra à chacun de s'alimenter mais malheureusement pour certains le moment de recevoir également quelques soins. Les articulations deviennent de plus en plus sensibles, les ampoules sont douloureuses, le mental s'affaisse un peu. Bref, nous savons tous que l'ascension va être difficile.
Au bout de 2h30 d'efforts, nous atteignons la frontière italienne et le petit refuge Nino SARDI un peu en contrebas. La vue y est exceptionnelle avec la nebbia qui vient lécher les sommets, la mer de nuages qui s'étend sur la plaine du Pô et surtout un groupe de bouquetins peu farouches qui se demandent bien quel est donc tout cet attirail pour grimper.
Au refuge, un petit point est fait sur les douleurs de chacun. Les encadrants se concertent et la nouvelle tombe : Alexiane ne pourra pas monter. En effets d'importantes douleurs au genou vont la contraindre à l'abandon. Il serait trop risqué pour elle de continuer. Sophie se propose alors de redescendre avec elle tandis que le reste du groupe s'engouffre dans la voie normale italienne menant au sommet. Les premiers instants se déroulent plutôt bien. L'ascension est régulière et nous prenons rapidement plusieurs dizaines de mètres de dénivelé. Lorsque nous atteignons les "mains courantes" installées à demeure sur les parois des roches, l'affaire se complique légèrement. De plus, un important névé nous barre la route et a fait disparaitre une partie des points d'ancrages nécessaires à l'assurage des grimpeurs. Les guides s'adaptent alors, trouvent un passage de remplacement. Très concentrés ils nous ouvrirons le passage vers le sommet.
Nous continuons dans un dédale de bloc et de pierres instables. La concentration est au maximum afin de ne faire tomber aucune pierre sur les cordées en dessous. Le stress est présent, nous progressons très lentement, la lassitude fait place à l'engouement du départ, la fatigue morcelle les esprits de chacun. L'ascension devient vraiment difficile, cela fait plus de 4h30 que nous sommes partis lorsque nous atteignons le sommet. Nous nous couvrons, "rechargeons nos batteries" autour d'un petit pic-nic en même temps que nous admirons la vue qui nous entoure.
Le Bric Bouchet est vaincu par les Queyr'ados, mais la victoire s'est faite un peu dans la douleur. Qu'importe, chacun aura réussi son grand défi, chacun aura pu approcher ses limites, chacun se sera battu en hommage aux nombreux partenaires qui nous ont fait confiance.
Au sommet, nous aurons tous une grande pensée pour Alexiane et Sophie qui ne seront pas montées !
Au bout d'une descente sans encombre mais néanmoins exposée aux difficultés techniques sur des pentes délitées et glissantes, après 9h00 de marche, nous retrouverons les bus garés à Valpréveyre.
L'ascension de ce Bric Bouchet aura marqué sans aucun doute les esprits, mais nous l'avons fait !
Quelle fierté !